Retour sur une semaine d’échanges et de partages à Nikak tagocniok, les outardes arrivent, festival d’arts vivants autochtones du Théâtre Gilles-Vigneault.
Du 11 au 16 avril dernier avait lieu la première édition de Nikak tagocniok (Les outardes arrivent), Festival d’arts vivants autochtones. Inspirées par l’esprit de solidarité et de traversée mutuelle des outardes, les commissaires à la programmation du festival, Catherine Dagenais-Savard et Ivanie Aubin-Malo, souhaitaient que la programmation réponde à un désir commun chez les artistes autochtones de tisser des liens sous le couvert de l’art et de le partager avec des personnes curieuses.
Le festival a été inauguré avec l’Exercice des couvertures, un atelier participatif ayant pour objectif de sensibiliser les participants à l’expérience historique de la dépossession vécue par les peuples autochtones du Québec et du Canada. Si nous essayons un peu de nous mettre à leur place, pouvons-nous avoir une perspective différente sur leur histoire? Échanger avec un nouveau regard?
Danseurs du ciel
Dans sa pièce chorégraphique, Barbara Kaneratonni Diabo a raconté son histoire et celle du peuple Kanien’keha:ka, victime de la tragédie du début des années 1900 lorsqu’un pont en construction s’effondre, tuant 33 ouvriers et travailleurs de la communauté Kanien’keha:ka de Kahnawake.
Mononk Jules
Jocelyn Sioui a pris la scène avec un spectacle documentaire solo dans lequel il raconte l’histoire méconnue de son oncle, Jules Sioui, et par l’entremise de celle-ci, l’histoire des luttes autochtones au 20 e siècle. Appuyé par des images d’archives et des maquettes animées, il a partagé un récit duquel les gens sont ressortis avec une perspective transformée.
Éclosion Musicale
Une soirée tout en musique à laquelle plusieurs artistes de la relève ont pris part. Sandrine Masse, altiste amoureuse du folk, du rock progressif et des musiques traditionnelles. Joseph Sarenhes, jeune artiste polyvalent qui, en plus de jouer du piano, de la guitare et des percussions, est également chanteur, rappeur, auteur-compositeur et danseur. Craig Commanda, un artiste multidisciplinaire qui pratique le cinéma, la musique, le perlage, la poésie, la photographie, l’artisanat traditionnel, le tannage du cuir et les arts numériques.
Utei : Récit d’un survivant
Utei, qui signifie « le cœur » en innu, est une expérience théâtrale engagée où Omer St-Onge témoigne de son enfance sur le territoire avec sa famille, en passant par les pensionnats, jusqu’à aujourd’hui. Avec une oralité propre à la culture des Premières Nations, il a partagé les enseignements, les traditions et la spiritualité de ses ancêtres.
Pour clore le festival, les spectateur.ice.s ont eu l’occasion de partager et échanger avec des artistes autochtones de diverses nations, générations et pratiques avant de se laisser guider par le danseur et chorégraphe James Viveiros dans un atelier de danse contemporaine invitant artistes et participants à unir leur créativité.
Il faut aussi souligner la présence de l’artiste visuelle Babbeyjane Happyjack, dont les images illustrent la première édition de Nikak tagocniok, et celle de Joan Wabanonik, aînée du Lac-Simon. Par ses récits des traditions anishinabe, Joan a inspiré aux commissaires le titre de l’événement.
Une semaine après la fin du festival, nous dressons un bilan positif de cette première édition. Les quatre spectacles et deux activités de médiation ont créé un réel espace de rencontre entre les personnes allochtones et autochtones. « Le festival a habité le théâtre. Les gens, curieux, restaient à la fin des spectacles et de beaux échanges ont eu lieu » a dit Émilie Gauvin, adjointe à la direction artistique. « Par leur programmation, les commissaires ont réussi à créer un espace pour partager les récits de plusieurs générations et de plusieurs Nations autochtones » a ajouté Catherine Desgranges, coordonnatrice aux activités jeune public et aux événements spéciaux. L’équipe a reçu beaucoup de remerciements de la part du public et des artistes pour avoir créé un environnement inclusif et accueillant. Plusieurs personnes ont même demandé si le festival pouvait faire une tournée. Tout ce que nous pouvons vous dire, c’est qu’il sera de retour au printemps 2025!
En attendant, nous vous invitons à demeurer curieux. Savez-vous que les allochtones sont les bienvenus aux différents pow-wow organisés par les communautés au Québec? Pour connaître les dates, consultez le site web de Tourisme autochtone Québec. Vous pouvez aussi organiser l’Exercice des couvertures dans votre milieu. Toutes les informations se trouvent sur le site de Kairos. Enfin, pour demeurer informé.e.s, nous vous invitons à écouter Kuei! Kwe!, sur la première chaîne de Radio-Canada, où Mélissa Mollen-Dupuis met de l’avant le talent et l’audace de membres des Premiers peuples.